Construire en bois local

Comme le bon sens n'est plus de mise, il n'est pas si simple de construire en bois local ! Pour être menée à bien, c’est une démarche qui doit être réfléchie et anticipée dès le démarrage d’un projet.

Plus qu’une démarche, c’est une vraie volonté qui doit être partagée par le maître d’ouvrage et le maître d’œuvre pour pouvoir aboutir, en particulier en marché public, puisque l’origine du bois ne peut pas être imposée. Il est tout de même possible de s’appuyer sur les marques de certification pour garantir l’origine du bois - en ce qui nous concerne nous nous intéresserons au bois certifié « Bois des Pyrénées ».

L’autre solution pour un maître d’ouvrage est de mettre à disposition le bois, s’il est propriétaire de forêts, ce qui peut être le cas pour une commune par exemple. C’est de cette manière que nous avons abordé le projet de l’Atelier des marbres que nous réalisons avec l’Architecte Scénographe Christophe Theilmann pour la commune d’Ilhet (65).

Une fois l’idée germée, la commune motivée et dynamique a pris contact avec l’ONF, pour échanger avec nous sur leur projet de coupe de bois et y intégrer de manière raisonnée une coupe de bois de construction pour le projet. De manière raisonnée, car il ne s’agit pas seulement de couper les plus beaux arbres, mais de s’intégrer dans ce programme d’entretien, de préservation et de renouvellement de la forêt communale mis en place par l’ONF. Un premier contact avec les agents locaux de l’ONF permet de prendre connaissance du planning de coupe de la commune mais aussi de prendre connaissance des essences disponibles : quel bois pour quel usage ?

Dans notre cas, du sapin et du hêtre. Le sapin sera donc utilisé pour la structure (qui ne devra pas être exposée aux intempéries car il ne s’agit pas d’un bois de classe 3), mais aussi les voliges, le parquet et les plinthes. Le hêtre quant à lui, se transformera en tablettes, mobilier et étagères. Ce choix initial oriente ainsi les premiers choix constructifs.

Pour pouvoir avancer vers la seconde étape, qui est de transmettre à l’ONF le cubage nécessaire à la construction et les dimensions des sections voulues, pour que les agents puissent choisir et marteler les bois à abattre, il faut donc avancer sur la conception du projet. Deux méthodes sont alors possibles.

La première consiste, une fois toutes les études de projet abouties à lancer une consultation intégrant un lot sciage. Cette méthode nécessite d’intégrer au planning de travaux un long délai pour l’abattage, le sciage et le séchage du bois, car le cubage pour l’abattage sera transmis par le charpentier en phase EXE au moment de la préparation de chantier. Il faut donc sans exagération, ajouter minimum 6 mois (si aucun séchage naturel n’est prévu, sinon il faut ajouter un temps de séchage plus long).

La seconde méthode - que nous avons retenue pour le projet d’Ilhet - est celle de prévoir une mission EXE, en parallèle de la mission d’Etude de maitrise d’œuvre afin de pouvoir couper le bois et consulter le lot sciage en amont de la consultation globale. Cette méthode a pour avantage de permettre un plus long temps de ressuyage naturel du bois.

L’histoire se poursuit ainsi lorsque le projet prend forme et le permis obtenu : le cubage est transmis à l’ONF en phase d’études PRO, les bois sont martelés, abattus par une entreprise de travaux forestiers et transportés jusqu’à la scierie retenue.

C’est également grâce à l’accompagnement d’un responsable de l’Union Régional des Communes Forestières pour mettre en relation tous les interlocuteurs et appliquer les bonnes méthodes durant les études et la consultation qu’une telle démarche peut avancer.

Cette aventure humaine est à suivre avec le démarrage du chantier en cours !